Association Sud Ouest pour le Développement International Agricole

Depuis sa création, l’ASODIA vise à accompagner, dans des partenariats pérennes, la structuration d’organisations économiques et de filières agroalimentaires des pays du Sud, particulièrement à travers la question centrale du financement par le crédit des investissements des organisations paysannes et des PME agroalimentaires.

Notre association est intervenue principalement :

  • Durant une première phase, dans des projets financés par les Ministères français et par l’Union Européenne notamment au Zimbabwe (mécanisation en CUMA dans le district de Chiweshe), en République de Guinée (appui aux organisations paysannes et filière riz en Guinée maritime) et au Maroc (investissements agroalimentaires dans la Province de Meknès).
  • Puis, depuis le début des années 2000, dans le cadre d’accords de coopération décentralisée de la Région Midi-Pyrénées, puis de la Région Occitanie, au Sénégal (filière lait dans la Région de Saint-Louis et filières céréales et maraîchage dans la Région de Thiès), au Vietnam (filières lait et fruits dans la Province de Son La) et au Cambodge (filière porcs dans la Province de Battambang).

Face aux multiples crises, qui se traduisent notamment par le renforcement de l’insécurité alimentaire et de l’exode rural ainsi que par une dégradation des terres et du niveau de vie et de revenus des agriculteurs, mais aussi en prenant en compte son formidable potentiel de jeunesse, de créativité, d’innovation et d’entrepreneuriat, notre réflexion nous amène aujourd’hui à cibler un territoire : l’Afrique subsaharienne.

Sur ce territoire, l’ASODIA a la volonté d’agir dans l’accompagnement technique et financier de porteurs de projets visant à créer ou à renforcer des filières agricoles territorialisées, créant localement des chaînes de valeur équitables, améliorant les capacités des producteurs locaux et s’inscrivant dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030.

Pour ce faire, l’ASODIA mobilise le Fonds Régional de Développement Coopératif
(FREDIC), créé avec la Région Midi-Pyrénées en décembre 2003 pour contribuer, comme fonds de garantie ou comme fournisseur d’avances remboursables, au financement des investissements des projets menés dans le cadre des volets agricoles de la coopération décentralisée de la Région.
Actuellement doté d’un capital d’environ 1 million d’euros, apporté par la Région Occitanie et par les organisations agricoles régionales (ASODIA, Coopérative Arterris, GIE Élevage Occitanie), ce fonds est administré par un Comité d’orientation co-présidé par la Région Occitanie et l’ASODIA, et géré par l’ASODIA avec l’appui du Crédit Agricole Mutuel Toulouse 31.

À la suite de travaux engagés en 2018 par le Comité d’orientation FREDIC sur l’avenir de ce fonds, l’ASODIA et la Région Occitanie ont validé au printemps 2019 la nécessité d’une réorientation du FREDIC traduisant ainsi :

  • Une ambition commune pour faire du FREDIC un outil de politique agricole fort, innovant et capable d’expérimenter.
  • Le besoin d’expérimenter de nouvelles solidarités Nord-Sud mieux adaptées aux réalités et aux enjeux actuels des agricultures du Sud.
  • La volonté de définir un projet mobilisateur, notamment par l’implication de nouveaux acteurs (entreprises agroalimentaires, OPA et ONG d’Occitanie).

Cette réorientation nous a amené à cibler :

  • D’une part, une zone géographique jugée prioritaire, à savoir 14 pays de l’Afrique subsaharienne francophone (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Mali, Niger, République Centrafricaine, Sénégal, Tchad, Togo).
  • D’autre part, une thématique répondant aux nouveaux enjeux pour l’agriculture et pour la modernisation de la politique d’aide publique au développement, à savoir l’entrepreneuriat social et équitable dans le secteur agroalimentaire et la création de démarches collectives de filières agricoles et agroalimentaires.

Ce choix résulte de la prise en compte de l’importance des enjeux auxquels est confrontée l’agriculture dans ces pays africains et de la reconnaissance de la multiplicité des initiatives se développant actuellement dans ces pays, mais qui rencontrent pour la plupart de grandes difficultés de financement quand elles sont à la taille d’une PME.

La modalité de mise en œuvre retenue est celle d’un appel à propositions (AAP) annuel ayant comme bénéficiaires des organisations agricoles et des entreprises agroalimentaires des pays ciblés.

Le FREDIC intervient en accordant au bénéficiaire de 10 000 à 80 000 € :

  • Soit sous la forme d’une avance remboursable pour des investissements et la constitution d’un fonds de roulement, sans intérêt et sur une période de 5 ans.
  • Soit pour le cautionnement d’un prêt obtenu par le bénéficiaire auprès d’un établissement bancaire.

Enfin, une des spécificités de notre AAP est que chaque projet doit être accompagné et suivi par une entreprise, une OPA ou une ONG d’Occitanie. La structure candidate doit envoyer son dossier sur la base d’une note-projet (environ 5 pages), comprenant notamment un business plan et la demande au FREDIC, accompagnée d’un dossier administratif relatif à la structure soumettant la proposition.
Après une instruction par une équipe technique Région Occitanie – ASODIA qui juge de la seule éligibilité des dossiers, un Comité d’experts et de sélection, composé de représentants d’organisations professionnelles et scientifiques d’Occitanie ainsi que de personnes qualifiées, note les dossiers éligibles, et au final le Comité d’orientation FREDIC sélectionne les projets.

Les principaux critères d’analyse et de notation des propositions sont :

  • Les capacités et la situation du porteur de projet.
  • La pertinence du projet.
  • La crédibilité du business plan et le niveau d’engagement financier propre au bénéficiaire et à ses partenaires africains.
  • L’impact du projet (Objectifs de Développement Durable) et les résultats attendus, particulièrement en matière de création de valeur dans une démarche équitable.

Annexe : Projets financés au titre des AAP FREDIC 2019 et 2020.

1) La création d’une entreprise sociale de transformation de la noix de cajou bio à Kolda au Sénégal

Il s’agit d’un projet ambitieux visant à la création d’une filière territorialisée de noix de cajou bio en Casamance.

L’amande de cajou, dont les effets bénéfiques sur la santé sont avérés, connait une très forte demande mondiale. Alors que l’Afrique de l’Ouest est la principale zone de production mondiale de noix brute de cajou (anacarde), les pays asiatiques (Inde, Vietnam, …) ont un quasi-monopole de sa transformation et achètent l’essentiel de la production africaine d’anacarde, à des paysans très peu organisés, pour la transporter et la transformer dans leurs usines en Asie. La valeur ajoutée échappe ainsi à l’Afrique de l’Ouest.
De précédentes initiatives pour transformer localement ce produit au Sénégal se sont toutes traduites par des échecs (moyens financiers insuffisants, projets trop artisanaux, faiblesse des réseaux de distribution à l’export, …).

Ce projet consiste en la création d’une usine professionnelle, mais demeurant à taille humaine, dimensionnée pour produire 100 tonnes d’amandes bio (transformation de 480 T de noix biologiques locales) à destination du marché français (contrats de partenariat
« commerce équitable » avec des distributeurs) et du marché local.

Il s’est traduit par la création le 16 septembre 2020 de la SA sénégalaise ETHICAJOU fruit de la convergence entre 5 partenaires complémentaires, qui sont tous à son capital :
La Fédération Départementale des Producteurs d’Anacarde de Kolda : 11 groupements représentant 400 petits producteurs.
La Fédération des Champs Écoles de Birassou : 24 GIE représentant 450 petits producteurs de la commune de Banghère (50 km de Kolda).
La Coopérative Régionale des Transformateurs d’Anacarde / NGALU : coopérative de 60 femmes qui transforme artisanalement des noix de cajou dans ses 2 unités villageoises de Kouthioye et Samassan (100 km de Kolda).
ETHIQUABLE : SCOP française implantée dans le Gers, engagée depuis 15 ans dans la commercialisation de produits issus de l’agriculture biologique et acteur majeur de la promotion du commerce équitable en grande distribution et magasins spécialisés bio (partenariat avec 70 coopératives de producteurs dans 30 pays).
– AVSF : ONG de développement durable agricole présente dans 19 pays.

Le démarrage de l’exploitation est prévu au printemps 2021.

Le FREDIC a accordé à la société ETHICAJOU une avance remboursable de 70 000 € sur une durée de 5 ans, avec 1 an de différé, pour le financement de ses investissements (125 000 € en machines et équipements) et de son Besoin en Fonds de Roulement.

La création de cette société conduira à terme à la création d’une centaine d’emplois à temps complet dans l’unité de transformation de Kolda, essentiellement pour des femmes, et de 15 emplois à temps complet dans les unités villageoises de NGALU. Son modèle économique et social, avec une gouvernance participative, permettra aux producteurs de percevoir un prix de vente de leur noix de 15 % supérieur au prix de marché et aux OP de percevoir 23 % de ce prix de marché pour financer leurs projets collectifs.
L’usine est certifiée dans ses process, et les noix de cajou des 400 paysans répartis sur les deux fédérations sont également certifiés bio et équitables.
L’inauguration officielle de l’usine en présence du Ministre de l’agriculture du Sénégal s’est déroulée le 13 juin 2022.

L’entreprise ETHIQUABLE assure le suivi et l’accompagnement de ce projet.

2) La transformation et la commercialisation du pois cajan au Cameroun

Le pois cajan (ou pois d’Angole) est une légumineuse vivace à graines, fixatrice d’azote, principalement implantée en Inde, et qui prend le port d’un arbrisseau. Riche en protéines, en acides aminés essentiels et nécessitant peu d’intrants, il peut être utilisé tant pour l’alimentation humaine qu’animale, mais aussi pour régénérer les sols, en culture associée et dans des systèmes agroforestiers.

Ce projet vise à créer une filière pois cajan au Cameroun, pays confronté au double défi de la sécurité alimentaire et du changement climatique.
Il est porté par le GIC (Groupe d’Initiative Commune) GRADI (Groupe de Recherche et d’Action pour un Développement Intégral) qui promeut le développement de cette culture au Cameroun depuis plus de 10 ans, et qui a signé pour le volet production une convention de partenariat avec la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (CAPEF).

Le FREDIC a accordé au GIC GRADI une avance remboursable de 20 000 € sur une durée de 5 ans pour le financement de l’organisation de la collecte et la création d’une unité de transformation du pois cajan (torréfacteur, moulin pour broyer les graines).
La commercialisation des produits est prévue à la fois pour l’alimentation humaine (en local et à l’export) et pour l’alimentation animale au Cameroun.

L’installation de l’unité de transformation a été réalisée au début de l’année 2021, mais son activité est encore très réduite en raison d’un manque de collecte de la production.

Depuis l’été 2021, le GIC GRADI a lancé une filière tournesol au Cameroun avec la production/distribution de semences et des actions de formation. Le schéma vulgarisé porte sur la culture du tournesol en association avec le pois cajan. Afin de proposer aux producteurs des débouchés pour leurs récoltes de tournesol, le GIC GRADI a acquis du matériel de transformation (presse à huile et moulin à épice).

Sous la marque « Jardin d’Eben », les produits du GIC GRADI sont actuellement présents dans 13 boutiques du réseau « Made in Cameroun » en plus de ventes directes par les réseaux sociaux et de participation à de nombreuses foires exposition et salons.

Le GIC GRADI a effectué un premier remboursement au FREDIC de 4000 € en mai 2021.

3) La transformation et la commercialisation du riz au Burkina Faso

Ce projet vise à ce qu’une union de coopératives de producteurs maitrise le décorticage du riz paddy et la commercialisation du riz blanc pour assurer à la fois une meilleure rémunération de ses adhérents et son indépendance financière.

La structure porteuse du projet est l’Union des Coopératives Rizicoles « Faso Djigui » de Bama (UCRB) créée en 2001, qui regroupe les 1385 producteurs du périmètre irrigué de Bama (1300 Ha et 9 coopératives de base) suite à un désengagement de l’État.
Elle aide ses membres à adopter de meilleures techniques de production, à gérer l’eau, à obtenir des lignes de crédit et à accéder aux intrants.
Actuellement l’UCRB collecte 2 200 T de riz paddy, soit 25 % du riz produit sur la plaine.

Le projet présenté consiste à créer au sein de l’UCRB une activité de décorticage du riz paddy et de commercialisation du riz blanc et à financer le Besoin en Fond de Roulement nécessaire pour démarrer l’activité commerciale.

Le FREDIC a accordé à l’UCRB en mai 2021 une avance remboursable de 30 000 € sur une durée de 5 ans pour le financement des investissements projetés (principalement ligne de décorticage automatique et stock de pièces détachées) ; les coopératives de base assurant 10 % de ce financement par un nouvel apport en capital social.
Un prêt court terme sollicité auprès de la Fédération des caisses populaires du Burkina Faso finance le Besoin en Fonds de Roulement nécessaire pour l’achat de 300 T de riz paddy (environ 68 000 €).

L’unité de transformation du riz paddy a été mise en place et est fonctionnelle depuis le début de l’année 2022, mais seulement 38 tonnes de riz paddy ont été décortiquées jusqu’en mai 2022 en raison de retards et de l’insuffisance du fonds de roulement.

L’UCRB a effectué un premier remboursement au FREDIC de 6000 € en août 2022.

L’AFDI Aude et la coopérative la CAVALE, en lien avec AFDI Occitanie, assurent l’accompagnement et le suivi de ce projet.

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