Association Sud Ouest pour le Développement International Agricole
Promouvoir des partenariats innovants
Afrique – Occitanie
dans le domaine agricole
Dans le cadre du Fonds Régional de Développement International Coopératif (FREDIC), la Région Occitanie et l’ASODIA ont lancé à titre expérimental en 2019 un appel à propositions (AAP) visant à promouvoir la création et le développement d’entreprises sociales agroalimentaires et de démarches collectives de filières dans les domaines agricole et agroalimentaire de 14 pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale.
Cet AAP s’adresse à des projets innovants et pilotes, portés par des organisations agricoles et par des entreprises agroalimentaires africaines, créant localement de la valeur dans des démarches équitables et de développement durable.
Afin de faire face aux importants enjeux auxquels est confrontée l’agriculture de ces pays africains (autosuffisance alimentaire, exode rural, changement climatique, bas niveaux de vie et de revenus, …) mais aussi en reconnaissant les nouvelles dynamiques et la multiplicité des initiatives se développant actuellement dans ces pays, notre action traduit la volonté d’agir concrètement en soutenant des projets structurants et exemplaires sous la forme d’avances financières remboursables par l’intermédiaire du FREDIC.
Une des originalités de notre AAP est que chaque projet doit être accompagné et suivi par une entreprise ou par une Organisation Professionnelle Agricole d’Occitanie, traduisant des formes de partenariats innovants d’acteurs Nord – Sud.
Par cette action, la Région Occitanie et l’ASODIA entendent ainsi expérimenter dans le domaine agricole de nouvelles solidarités Nord-Sud mieux adaptées aux réalités et aux enjeux actuels.
Nous avons reçu, dans le cadre de cet AAP, 38 propositions en provenance de 9 des 14 pays ciblés. C’est un résultat tout à fait encourageant tant par le nombre que par la diversité des propositions reçues.
Avec l’appui d’une équipe technique Région Occitanie – ASODIA, un comité d’experts et de sélection, composé de représentants d’organisations professionnelles et scientifiques d’Occitanie compétentes dans ce domaine ainsi que de personnes qualifiées, a noté les dossiers, et au final sélectionné deux projets pour 2019.
En conclusion, les deux projets qui ont été présentés pour examen et retenus par le Comité d’orientation FREDIC sont les suivants :
1/ La création d’une entreprise sociale de décorticage de noix de cajou à Kolda au Sénégal.
Il s’agit d’un projet ambitieux visant à la création d’une filière territorialisée de noix de cajou en Casamance.
Alors que l’Afrique de l’Ouest est la principale zone de production mondiale de noix brute de cajou (anacarde), les pays asiatiques (Inde, Vietnam, …) ont un quasi-monopole de la transformation et achètent l’essentiel de la production africaine d’anacarde, à des paysans très peu organisés, pour la transporter et la transformer dans leurs usines. La valeur ajoutée échappe ainsi à l’Afrique de l’Ouest.
Les précédentes initiatives pour transformer localement ce produit au Sénégal se sont toutes traduites par des échecs (moyens financiers insuffisants, projets trop artisanaux, faiblesse des réseaux de distribution à l’export, …).
Le projet présenté se traduit par la création d’une SA sénégalaise entre 5 partenaires de qualité et complémentaires :
– Les producteurs de Kolda : 20 GIE représentant 400 producteurs.
– La Fédération des Champs Ecoles de Birassou : 24 GIE représentant 450 producteurs.
– NGALU : une coopérative de transformation artisanale composée de 60 femmes.
– ETHIQUABLE : SCOP implantée dans le Gers, engagée depuis 16 ans dans la commercialisation de produits issus de l’agriculture biologique et acteur majeur de la promotion du commerce équitable en grande distribution et magasins spécialisés bio (partenariat avec 70 coopératives de producteurs dans 30 pays).
– AVSF : ONG de développement durable agricole présente dans 19 pays.
Il consiste en la création d’une usine professionnelle, mais demeurant à taille humaine, dimensionnée pour produire 80 à 90 tonnes d’amandes bio (transformation de 450 T de noix biologiques locales) à destination du marché français (contrats de partenariat « commerce équitable » avec des distributeurs) et du marché local.
Cette entreprise conduira à terme à la création d’une centaine d’emplois locaux à temps complet, et son modèle économique et social, avec une gouvernance participative, permettra aux producteurs de percevoir un prix de vente de leur noix de 15 % supérieur au prix de marché et aux OP de percevoir 23 % de ce prix de marché pour financer leurs projets collectifs.
L’entreprise ETHIQUABLE à Fleurance dans le Gers assurera l’accompagnement et le suivi de ce projet.
Le Comité d’orientation FREDIC, réuni le 3 mars 2020, a décidé d’attribuer à ce dossier une avance remboursable de 70 000 € sur 5 ans (avec 1 an de différé), fléchée sur les investissements à réaliser.
2/ La transformation et la commercialisation du pois cajan au Cameroun.
Le pois cajan (ou pois d’Angole) est une légumineuse vivace à graines, fixatrice d’azote, principalement implantée en Inde, et qui prend le port d’un arbrisseau.
Riche en protéines, en acides aminés essentiels et nécessitant peu d’intrants, il peut être utilisé tant pour l’alimentation humaine qu’animale, mais aussi pour régénérer les sols, en culture associée et dans des systèmes agroforestiers.
Le projet présenté vise à créer une filière pois cajan au Cameroun, confronté au double défi de la sécurité alimentaire et du changement climatique.
Il est déposé par le GIC (Groupe d’Initiative Commune) GRADI (Groupe de Recherche et d’Action pour un Développement Intégral) qui promeut le développement de cette culture au Cameroun depuis plus de 10 ans, et qui a signé pour le volet production une convention de partenariat avec la Chambre d’agriculture, des pêches, de l’élevage et des forêts (CAPEF) du Cameroun.
L’intervention du FREDIC proposé porte sur l’organisation de la collecte et la création de deux petites unités de transformation du pois cajun (torréfacteur, moulin pour broyer les graines) par le GIC GRADI.
La commercialisation des produits est prévue à 25 % pour l’alimentation humaine (en local et à l’export avec la SAS GWADABIO) et à 75 % pour l’alimentation animale au Cameroun.
La SAS GWADABIO à Foix en Ariège assurera l’accompagnement et le suivi de ce projet.
Le Comité d’orientation FREDIC, réuni le 3 mars 2020, a décidé d’attribuer à ce dossier une avance remboursable de 20 000 € sur 5 ans, fléchée sur les investissements et les coûts de collecte des deux unités de transformation du pois cajan à réaliser.